Piéla : arrivée des 1res Sœurs (épisode 1)

Episode 1 :

1961 : A l’appel de Mgr Chantoux (diocèse de Fada N’ Gourma), 5 Sœurs de Rillé sont arrivées à Tambaga, à l’est du Burkina Faso.
1962 : 4 autres Sœurs sont appelées pour une 2e fondation… à Piéla.

De G à D : Sr Jeanne-Marguerite, Sr Joséphine, Sr Alphonse-Rodriguez, Sr Béatrice

Sr Joséphine quitte l’école de Lalleu, Sr Jeanne-Marguerite l’Institution Ste Geneviève de Rennes, Sr Béatrice l’Institution St Joseph de Fougères et Sr Alphonse Rodriguez le petit séminaire de Châteaugiron.

Elles embarquent le 19 septembre 1962 à Bordeaux sur le « Général Leclerc ». Si tout se passe comme prévu, les Sœurs auront terminé leur voyage le 10 octobre. Le Centre d’animation rurale de Piéla les attend. Le dispensaire, les femmes des catéchistes qui accompagnent leur mari durant le stage leur seront confiés. Mais un séjour à Tambaga préparera les Sœurs à la vie en Afrique.

Le 1er octobre, arrivée à Abidjan. La barre ne permet pas au bateau d’aborder. Passagers et marchandises doivent obligatoirement emprunter le légendaire « panier », sorte de nacelle en bois qui monte et descend à l’aide d’une grue et vous dépose dans une petite baleinière vigoureusement ballottée par les flots.

La 2 CV des 1res Sœurs

Le voyage pour rejoindre d’abord Tambaga commence. La 2 CV conduite par un Frère des Ecoles chrétiennes suit la voiture de Mgr Chantoux. Et c’est la découverte de l’Afrique…

Pendant un mois, les nouvelles missionnaires vont prendre contact avec la vie en Mission africaine et aller profiter de l’expérience de leurs aînées à Tambaga :

Rentrée scolaire sensationnelle à Tambaga :

La rentrée des classes a été retardée à cause du mauvais état des routes. Ce sera donc le 25 octobre et le Commandant nous dit : « J’ai envoyé pour chacun des enfants une convocation en priant les chefs de concession de les présenter samedi à l’école. Je viendrai moi-même les recevoir ». (Il y a quinze jours, nous avions passé au commandant une liste de 68 enfants - 32 filles et 36 garçons – susceptibles d’être recrutés).

La fameuse convocation provoque dans les villages un véritable émoi ! « Ma fille, ah non, disaient les vieux, vite dans la brousse, vite chez son mari ! ».

A Tambaga « L'Avenue des Champs-Elysées »

À 14 heures, le samedi 25 octobre, le Commandant arrive avec son secrétaire, fait sonner le tam-tam et voici que peu à peu la cour se remplit de chefs à barbe blanche et aux regards bien sombres. Mère Supérieure accompagne le Commandant dans la classe où il commence l’appel. Chacun doit se présenter avec sa convocation. Mère Supérieure assistée d’un interprète quelque peu malicieux pointe sur une liste préparée. Pour les garçons, pas d’ennuis ! Mais pour les filles ! Écoutez plutôt ces quelques bribes de conversations avec le commandant :

  • J’ai besoin de ma fille pour aller chercher du mil !
  • Et ta femme ?
  • Elle a trop de travail ! Le jeune interprète pousse Mère Supérieure du coude : « Ma Mère, il a sept femmes ! »
  • Comment, tu as sept femmes, dit le Commandant, et tu veux encore faire travailler ta petite ! C’est honteux… Laisse ta fille.
    Et le pauvre vieux sort tout piteux.

Un autre se présente :

  • Voilà ma fille !
  • Commandant, ce n’est pas celle-là, dit l’interprète ; il l’a échangée, celle-ci est trop grande !
  • Va me chercher ta fille ! Et il doit s’exécuter.

Bref, le pointage dure trois heures. Après quoi le Commandant réunit tous les hommes et leur dit : « Si lundi matin, vos filles ne sont pas là, ce sera la prison. On veut votre bien, l’intérêt de vos enfants : mon père avait trois femmes et refusait ! Voyez maintenant !… »

Petite porteuse d'eau

Lundi matin à 8 heures :

Douze élèves manquent à l’appel. Mais le secrétaire revenu affirme qu’ils vont se présenter dans la journée. En effet !

  • Ma Sœur, je t’amène ma fille, mais elle est bien malade ! Sa tête grossit comme ça (il fait un geste significatif) quand elle court. Si tu veux, je vais t’en amener une autre.
  • Bien, dit Mère Supérieure, et quel âge a-t-elle ?
  • Du même âge.
  • C’est donc une jumelle !
  • L’interprète éclate de rire : « L’autre, c’est un garçon ! ». Pauvre homme ! Mère Supérieure garde sa fille.

Un peu plus tard, c’est une famille entière : le père, la mère, la petite fille (7 ans) et son mari (22 ans) qui faisait bien noir. Même résultat !

Et nous voilà avec 35 filles et 39 garçons. Une dizaine sont venus d’eux-mêmes et nous avons dû en refuser 5 ou 6 de Namounou qui possède une école. Nous avons donc pour le moment 47 filles. Une vingtaine ayant redoublé dans la petite classe, l’effectif de Sr Béatrice atteint 97 ou 98 ! Le P. Lucas se réjouit, car dit-il, « les écoliers sont l’espoir de la chrétienté ».

Extraits du Courrier Missionnaire, Archives de Rillé-Fougères, 1962

…………….

A suivre :
2e épisode

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